Je ne connaissais pas bien Sarah, elle était une amie proche de ma meilleure amie Paola. J’ai eu l’occasion de passer du temps près d’elle lors d’évènements, de soirées et de weeks end à la campagne.
Comme tellement de gens, j’ai été marquée par sa joie, son humour, son rire, et aussi par ses mains.
Je me souviens d’un concert de Sarah et de mon ami Lluc, chez elle. Elle au piano et lui à la clarinette. Il y avait pas mal de monde, des peintures de sa sœur Elena aux murs, l’ambiance était chaleureuse, aimante.
Je ne me souviens pas vraiment du concert mais une impression forte est restée en moi : je regardais les mains des musiciens.
Sarah avait de petites mains comme moi, peut-être même plus petites. J’admirais comment elle jouait de ce grand instrument avec grâce et dextérité. C’était presque absurde, comme si elle dépassait les limites physiques qui me paraissaient imposées aux petites mains, grâce à son amour de la musique et à sa volonté.
Je ne connais pas la musique et les musiciens m’impressionnent toujours. Je vois le partage, l’écoute et l’harmonie nécessaires et je trouve que c’est une des plus belles formes d’art, une de celles qui m’émeut toujours. Moi qui pratique un art solitaire, je les admire.
J’ai eu la chance de bénéficier de l’enthousiasme et de l’altruisme de Sarah. Elle avait acheté mon livre sur les Oiseaux de Paris, d’abord au format PDF, puis une deuxième fois quand je l’ai publié au format physique, accompagné d’un dessin de Pic vert qu’elle avait choisi parmi d’autres dessins d’oiseaux sur mon site.
Elle avait acheté le livre une troisième fois quand elle a souhaité l’offrir à l’approche de Noël. À chaque fois elle m’adressait des mots enjoués. Quand Paola a répondu à une de ses publications éphémères sur Instagram qui vantaient les descriptions de chant d’oiseaux de mon livre, Sarah avait répliqué : « mais je suis trop fan ahahah genre quelle ekphrasis de ouf« .
Après avoir cherché la définition de ce mot que je n’avais pas vu depuis la fac d’histoire de l’art, j’ai été émue, et me suis sentie portée par tant de spontanéité, de partage, d’amour. J’avais dit à Paola « elle est ouf Sarah c’est vraiment des gens comme elle qui motivent à continuer. Elle aussi elle est team full love«
Par ce genre de gestes et de mots, Sarah a été pour moi un modèle de générosité et de joie.
Je reste admirative et inspirée par ses qualités.
Quand je me promène dans la nature et que j’entends le Pic vert, je pense à Sarah. Avec son chant qui ressemble à un rire éclatant, et ses belles couleurs vives et complémentaires, je pense que ça lui va bien.
Sarah Muller wrote ‘a poem of herself’
